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Mondo Duplantis : un nouveau record du monde pour un champion hors norme

Déjà assuré de devenir le premier perchiste à défendre avec succès son titre depuis Bob Richards (1952-1956), Armand « Mondo » Duplantis a ensuite amélioré son propre record du monde en le portant à 6,25 m. Le prodige suédois a dominé une fois de plus la compétition, ajoutant ainsi un nouvel exploit à sa légendaire carrière.

Armand « Mondo » Duplantis a remporté son deuxième titre olympique consécutif à la perche, en dominant une fois de plus le concours et en ajoutant un nouveau record du monde à sa déjà incroyable domination.

Mondo Duplantis a grimacé, la bouche de travers, assis sur le tapis de réception de la perche aux couleurs de Paris 2024. Cela faisait deux fois qu’il manquait nettement la barre posée à 6,25 m. Tout le monde pensait que c’était fini, presque triste alors que le phénomène avait déjà ravi l’assistance en franchissant 6,10 m, un record olympique, quand rien ne l’y obligeait. Duplantis était déjà sacré pour la deuxième fois aux JO depuis son saut à 6 m, l’altitude où l’oxygène commence à se raréfier pour les meilleurs. Sauf pour lui.

Il nous disait peu avant ces JO que Paris serait presque sa première expérience olympique, tant son titre à Tokyo, il y a trois ans, dans un stade vidé par le Covid, ne correspondait en rien à l’image qu’il s’en était fait enfant. Alors, il tenait à ce que la fête soit à la hauteur de sa propre démesure.

Quand il est retourné en bout de piste, petit point jaune vu des grandes tribunes, escorté de son essaim de photographes et caméramans, tout le monde pensait que c’était fini. Mais pas Mondo. Et comme on commence à savoir que ce jeune homme n’est pas très humain et que les places n’étaient pas données hier pour tout le monde, personne n’a songé à partir pour rejoindre le RER avant la foule. Le compteur affichait six minutes pour sauter. C’est largement suffisant pour raconter une histoire.

Dans les gradins, ses parents, Greg l’Américain, ancien bon perchiste, et Helena, ancienne heptathlonienne suédoise partie jeune étudier en Louisiane, avaient déjà en main le drapeau suédois, puisque Mondo a choisi sa mère. Elle s’occupe de toute sa préparation physique. Mais pour les sauts, il se tourne évidemment vers son père, son coach. On ne sait pas ce qu’il lui a dit, Greg, peut-être pas grand-chose, tant il n’y a plus rien à apprendre dans son domaine à un génie absolu. De toute façon, leur petite entreprise familiale fonctionne ainsi, sans prise de tête. « En fait, à la maison, évidemment le sujet de la perche revient souvent sur la table au dîner, sourit Duplantis. Mais c’est juste parce que c’est une passion. Mon père me parle de tas d’histoires de perche qui ne me concernent pas, le plus souvent. De toute façon, mes parents n’ont pas besoin de me pousser à sauter. »

Un peu de la nonchalance de Bolt chez Duplantis

Ils avaient seulement créé les conditions, autour de leur maison de Lafayette. Voilà le secret : un sautoir de perche, des cordes à monter, une cage pour taper des balles de baseball… Et leurs quatre enfants sont tous très sportifs. Faut croire que c’était avant les écrans en Louisiane. Cela dit, ils n’ont qu’un Mondo, surnom donné par un pote italien de Greg à l’enfant, il y a longtemps, quand il s’appelait encore Armand.

Pendant toute la soirée, on a suivi Duplantis des yeux pour tenter de comprendre comment il pouvait gérer une telle pression quand d’autres disent se liquéfier au seul énoncé de leur nom. Il avait pris avec lui son rouleau de massage en mousse noire, qu’il posait régulièrement au sol, pendant que les autres s’échinaient à sauter des barres, et il le faisait rouler sous son dos tout en parlant, le plus souvent avec Sam Kendricks, son grand rival, enfin plutôt son ami américain. Et il blaguait et riait.

Et puis, de temps en temps, parce qu’il le faut bien, il se levait pour aller en bout de piste, prendre une perche et courir. Vite, très vite. On repensait à ce que nous avait dit un jour Usain Bolt : « Courir, c’est le seul truc que je fasse vite. » Il y a un peu de la nonchalance du Jamaïcain chez ce Suédois aux grands yeux bleus toujours un peu étonnés. Sa mère Helena dit qu’elle se fie beaucoup aux expressions de son visage, surtout celles qu’elle semble la seule à voir. Et à son regard aussi : « Vous pouvez dire par le feu de ses yeux qu’il va battre un record du monde. » Là, on était trop loin pour voir.

Mondo avait confié peu avant ses JO qu’il ne pense au record qu’une fois le titre acquis. Il connaît l’attente du public de l’athlétisme dont il est, à 24 ans, la plus grande figure. Il n’a pourtant qu’une discipline pour briller, puisqu’il n’y a pas de perche brassée ou crawlée. Il n’y a qu’une seule façon de sauter à la perche. Quoique non, il y a les sauts de Mondo et ceux des autres.

Le public ne s’y trompait pas au Stade de France, qui se pâmait d’un « Ohhhh » sonore et puissant à chaque fois que l’oiseau jaune s’envolait au-dessus de la barre avec l’insolence de l’aisance, avec cette curieuse impression laissée qu’un temps de suspension arrête fugitivement les horloges quand il est là-haut, avant de redescendre, comme s’il hésitait avant de revenir parmi nous.

Les 80 000 spectateurs du Stade de France, qui avaient débuté leur soirée avec lui trois heures plus tôt, la finissaient donc avec lui, avec ses tentatives de record du monde à 6,25 m, comme si tout le reste, entre-temps, n’avait été qu’une parenthèse. Mondo n’a pas attendu que les six minutes du chrono se soient écoulées. Il s’est élancé, si prestement que l’énergie ainsi générée lui a permis de tordre sa perche dure comme un tronc. Il va si vite, à près de 37 km/h, malgré ce truc encombrant de plus de 5 mètres de long dans les mains, qu’il pourrait plier des réverbères sur les boulevards parisiens. Il s’est envolé, il n’a rien touché, le temps s’est arrêté, il est retombé, il a hurlé et on a tous hurlé.

Couac

L’histoire est narrée par «Le Figaro». «Armand Duplantis vient de battre le record du monde de saut à la perche, c’est une nouvelle médaille d’or pour la France», a dit le speaker des matches de basket 3×3 devant un public à la fois incrédule.

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